Cet État qui tue la france

par Nicolas Lecaussin éditions Plon Nov 2005

RÉSUMÉ DU LIVRE

Mais pourquoi la France coule-t-elle ? La faute à qui ? A l'Europe ? A la mondialisation ? Aux Etats-Unis ? A la Chine ? Au plombier polonais ? Non. Le vrai coupable est ici. C'est l'Etat, à la fois omnipotent et impuissant. Ce sont les lobbies des technocrates, les administrations pléthoriques. Ce sont aussi les politiques irresponsables et incompétents. Ce livre est le résultat de plusieurs années d'enquête dans les tréfonds du labyrinthe étatique. Enquête qui va au-delà de l'Hexagone, car elle montre aussi que les pays qui réussissent sont ceux qui contiennent et réduisent l'Etat obèse et destructeur. Finissons-en avec les analyses stériles, les théories fumeuses et les discours démagogiques sur les causes de nos malheurs ! Regardons les faits ! C'est bien l'Etat qui tue la France ! Les preuves sont dans ce livre.

Suivant la recommandation d'iFRAP, j'ai acheté le livre de Nicolas Lecaussin "Cet État qui tue la France". Passionnant, mais pessimiste, comme je le suis aussi. (Voir mon article fin 2004) et bien autres observateurs comme Nicolas Baverez, Jacques Marseille, Alain Rioufol, et nous sommes même rejoints par Alain Duhamel.

Il faut attendre que le cataclysme annoncé se produise pour que la réforme de l'État s'amorce. Car l'État tel que nous le déplorons est le résultat de décennies d'incurie et de gabegies. Il faudra bien plus d'une décennie pour le réduire, et encore....

Premier commentaire

Je veux d'abord faire un commentaire sur ce livre page 221: il s'agit de la réduction du nombre de fonctionnaires. Je reproduis ci-après le paragraphe qui m'interpelle.

"Remarquons que les calculs sur la baisse du nombre de fonctionnaires sont trompeurs. On a annoncé moins 5 000 en 2004 lorsque 60 000 sont partis à la retraite. Néanmoins, ces derniers touchent des pensions et comme celles-ci ne sont pas provisionnées, ce sont les contribuables qui les paient : pour eux, il s'agit en réalité d'une embauche de nouveaux fonctionnaires. Les 60 000 départs de 2004 représentent l'équivalent de 45 000 fonctionnaires en activité (un retraité coûte 75% d'un actif). En enlevant les 5 000 suppressions, nous arrivons à 40 000 créations nettes. Ce ne sont donc pas 5 000 fonctionnaires en moins, mais 40 000 en plus! A ce rythme-là, dans quelques années, la France ne comptera plus, comme aujourd'hui, 1 fonctionnaire pour 10 habitants (la moyenne européenne est de 1 pour 24) mais un fonctionnaire par habitant. Et des impôts qui dépasseront largement ceux des autres pays."

Voici mon commentaire: Quand il est dit: 5 000 fonctionnaires en moins en 2004 et 60 000 départs en retraite, cela implique qu'il y a eu 55 000 remplacements par embauche de nouveaux fonctionnaires. 60 000 fonctionnaires en retraite équivalent 45 000 fonctionnaires, et compte tenu de la baisse de 5 000 annoncé, cela fait bien 40 000 fonctionnaires en plus dans le budget de l'État. Mais avant de passer à la phrase suivante (A ce rythme-là, dans quelques années, la France ne comptera plus, comme aujourd'hui, 1 fonctionnaire pour 10 habitants (la moyenne européenne est de 1 pour 24) mais un fonctionnaire par habitant.), il faudrait préciser le nombre de fonctionnaires équivalents décédés au cours de la même période.

La vérité c'est que personne dans cet État ne connaît exactement le nombre de fonctionnaires. C'est une question qui n'a pas d'intérêt dans un État dirigiste et irresponsable. La question ne se pose que parce que nous commençons à mettre en cause l'efficacité de l'État et sa responsabilité dont résulte le désastre actuel.

Deuxième commentaire

Mon deuxième commentaire concerne la conclusion page 317 et le paragraphe suivant que je reproduis:

Non, je crois qu'on a peu de chances de réformer l'Etat français. Celui-ci ne peut pas exister sans ses monopoles, ses fonctionnaires « privilégiés », ses nombreuses agences et autres services publics. D'ailleurs, contrairement à la France, à l'étranger tous les changements ont commencé avec la réduction du nombre de fonctionnaires et des agents publics. Ce qu'on appelle pudiquement réforme de l'Etat signifie en fait recul de l'Etat qui s'efface devant la mondialisation. Parce que, aujourd'hui, il est dépassé par l'évolution du monde, nulle part on n'envisage un Etat plus fort, recentré sur ses « missions régaliennes », mais on va au contraire vers moins d'Etat, moins d'administrations, moins de pouvoir pour les fonctionnaires et plus de privatisations. Ne devrait-on pas dire fin du rôle de l'Etat ?

Voici mon commentaire: Oui, il faut réformer l'État c'est à dire le réduire, supprimer tous les monopoles et les privilèges, supprimer les centaines de milliers de fonctionnaires qui s'activent dans ces milliers d'organismes, observatoires, commissions, hauts comités, tous redondants, se doublant, voire se contredisant, auxquels l'État alloue des budgets de fonctionnement. C'est supprimer toutes les subventions à ces centaines de milliers d'associations, et aux syndicats, car les associations et les syndicats doivent vivre des cotisations de leurs membres. Mais c'est toute une tradition de la France depuis des décennies qu'il faut changer et c'est pourquoi c'est si difficile voire impossible, car cet État pompe 54% du PIB, et plus frappant encore que cela, rapporté au PNB l'État pompe 70% de la production marchande du pays. Il faut une réelle volonté politique pour entreprendre la vraie réforme de l'État, non la mise en oeuvre de réformettes auxquelles les gouvernements successifs s'emploient depuis des années car incapables de surmonter les corporatismes qui s'expriment dans la rue. Mais même avec une réelle volonté politique, il faudra des décennies pour y arriver, car il faudra attendre que les fonctionnaires actuels soient tous morts et que des générations nouvelles à statut différent les aient remplacés.

Troisième commentaire

Cela dit mon point de vue est qu'il ne faut pas tomber de Charybde en Sylla: mondialisation, néolibéralisme, privatisations, ne sont pas la panacée. La mondialisation et le néolibéralisme avec notamment la liberté totale de circulation des capitaux, des produits et des services, participent aussi au désarroi. Quand des entreprises (que je qualifie de non civiques) délocalisent pour aller produire en Chine et en Europe de l'Est, et continuent de vendre leurs produits au mêmes prix dans nos pays développés, ils créent du chômage, font éclater la cohésion sociale, et engrangent des bénéfices faramineux; et il n'est pas prouvé que ces bénéfices sont réinvestis chez nous pour créer plus d'emplois que les emplois perdus. C'est que notre société civile, celle qui crée les produits et services marchands que tout le monde consomme, est soumise à des contraintes sociales qui sont le résultat de plus d'un siècle d'évolution. Les mettre en concurrence avec des pays qui n'ont pas de contraintes sociales est injuste et destructeur. Il faut donc trouver les moyens de réguler la mondialisation pour que ses effets bénéfiques incontestables ne soient pas dépassés par ses effets néfastes destructeurs de notre société civile. Car l'État et les 54% qu'il pompe sur la société civile, est protégé de toute concurrence, tandis que la société civile est ouverte totalement à la concurrence internationale, parfois sans aucune chance de pouvoir gagner.

Je voudrais aussi attirer l'attention sur le scepticisme grandissant dans le monde en ce qui concerne l'économie, son rapport avec l'environnement (développement durable), et la croissance de la population mondiale (6.5 milliards fin 2005). La planète et son environnement constituent un système fermé et limité qui ne connaît pas de croissance en volume mais seulement des transformations. L'économie est un sous ensemble de l'environnement. Jusqu'à présent les pays dits "développés" ont puisé abondamment dans les ressources naturelles de la planète, car les autres pays l'ont accepté, de gré ou de force. Ils ont ainsi abouti, par leurs sciences et leurs technologies, à créer des conditions de vie telles que la population mondiale a augmenté d'une manière sans précédent au cours des 50 dernières années et continuera probablement encore d'augmenter pendant plusieurs décennies, sauf cataclysme naturel.

Vu l'état environmental de la planète, en ce début de 21ème siècle, déforestation, épuisement des pêcheries, perte de biodiversité, dégradations et épuisement de la fertilité des sols, montée des pollutions atmosphériques, liquides et solides, il semble impossible que toute la population de la planète puisse accéder au niveau de production et de consommation des pays dits "développés". Des pressions sur les ressources naturelles disponibles sont déjà en train d'apparaître avec la croissance économique rapide de la Chine et de l'Inde avec leurs 2.3 milliards d'habitants. La chine devient le pays le plus pollué de la planète. L'extension des sciences et des techniques à la totalité de la planète, sous la forme de mondialisation que nous voyons s'accélérer, avec la satisfaction de consommateurs mais aussi avec l'inquiétude de citoyens nationaux et du monde, risque selon moi de se traduire à plus ou moins long terme par un appauvrissement collectif puisque les ressources limitées de la planète vont être partagées par un plus grand nombre et que l'appropriation de ces ressources pendant plus d'un siècle, par un petit nombre de pays, par la colonisation ou par la force, n'a plus cours.

Nous devons donc nous préparer à ces changements. Réformer l'État français et le réduire OUI, mais en même temps il nous faut réduire notre consommation de produits et services et orienter nos efforts vers la non-croissance en volume et vers la préservation de la qualité de vie, dans une perspective de "développement durable". De leur côté, les pays pauvres doivent s'efforcer de maîtriser leurs populations afin que les bienfaits apportés par les sciences et les techniques leur profitent davantage en termes d'amélioration de bien-être, plutôt que d'annuler ces progrès en permettant l'augmentation de leur population (du fait de la fécondité élevée des femmes, comme c'est le cas jusqu'à présent).

Sans changement, c'est à dire d'adaptation au monde qui change du fait de l'accroissement sans précédent de sa population, nous sommes condamnés au déclin et à la régression, voire à l'effondrement comme des civilisations disparues, et ceci tant en France que sur la planète. Qui seront les premiers à disparaître, qui seront les derniers et lesquels survivront et comment? Cela dépendra de leur capacité effective d'adaptation.


Créé le 26/11/2005 par Pierre Ratcliffe.
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